Guerre d'Espagne 2ème partie : John Nicolétis, conseiller technique volontaire en armement

Pendant la guerre d’Espagne, le Chevillais John Nicolétis, ingénieur militant antifasciste, a soutenu activement la République espagnole, notamment en effectuant quatre missions auprès de son gouvernement.

John nicolétis, né le 11 février 1893 à Paris, polytechnicien, ingénieur des poudres et explosifs, devient directeur du bureau technique parisien de l’Imperial Chemical Industries en 1930. Il emménage alors à Chevilly-Larue, au 18, rue Albert Thuret, qu’il quittera en 1956. Après la guerre de 1914-1918, où il a servi comme officier d’artillerie et a été blessé, il a adhéré à l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) et au mouvement pacifiste Clarté. Il devient le président de la section chevillaise de l’ARAC, constituée le 21 septembre 1935. Il s’engage dans des organisations antifascistes et pacifistes : mouvement Amsterdam-Pleyel, Fédération des officiers de réserve républicains (dont il devient le vice-président), Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et Ligue des droits de l’homme. À Chevilly- Larue, il est second de liste SFIO (non élu) aux élections municipales du 5 mai 1935 et soutient le Comité du Front populaire. Lorsqu’éclate la guerre d’Espagne le 18 juillet 1936, John Nicolétis s’informe et se dit bientôt qu’il est le seul ingénieur poudrier antifasciste parlant espagnol pouvant mettre ses compétences techniques au service du gouvernement républicain espagnol. Il effectue alors quatre missions en Espagne, fin août et mi-septembre 1936, en octobre et fin décembre 1937. Dans ce cadre il rencontre de hauts personnages, met sur pied un comité des industries de guerre, inspecte des usines d’armement et donne de précieux conseils techniques et d’organisation. En France, il mène des actions de propagande. Il rencontre en mars 1937 le président de la République, Albert Lebrun, pour lui expliquer que la victoire de Franco menacerait l’approvisionnement de la France en pyrite, matériau essentiel aux usines de fabrication de munitions.

En 1939, après une année de missions en Indochine et en Chine, il se préoccupe des réfugiés espagnols et du sort des brigadistes internationaux. Ainsi, il devient en février le président du comité chevillais formé en vue d’accueillir ces réfugiés. Il poursuit son action antifasciste durant l’Occupation en prenant part à la Résistance, d’abord dans le réseau du général Cochet puis comme conseiller en explosifs.

Toute sa vie a été marquée par son engagement antifasciste, humaniste, patriotique et pacifiste ; ses actions militaires autant que civiles lui ont valu d’être élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1971. Il s’éteint à Paris le 25 août 1987. ✹

ERRATUM. Contrairement à ce qui est écrit dans le dernier numéro du Journal de Chevilly-Larue à la page 8, il n’y a pas deux brigadistes chevillais mais deux volontaires chevillais. Seul Gabriel Rouge est brigadiste, ce qui n’est pas le cas de John Nicolétis.

Marc Ellenberger, archiviste municipal
Octobre 2016

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