Chevilly-Larue et le Front populaire - 1ère Partie : Les prémices

La mise en place en mars 1934 du comité antifasciste de Chevilly-Larue permet d’expérimenter la coordination et la coopération des mouvements de gauche.

Les émeutes du 6 février 1934 à Paris par les ligues d’extrême droite ont montré aux forces de gauche les dangers du fascisme et la nécessité de s’unir contre lui. Des initiatives de rapprochement sont prises par la base, bientôt soutenue et encouragée par les ténors. Ainsi, Paul Vaillant- Couturier, journaliste engagé et maire communiste de Villejuif, appelle à l’unité des travailleurs contre le fascisme dans le canton. Un comité antifasciste se forme en mars à Chevilly-Larue. Il demande au maire républicain Albert Thuret de mettre à sa disposition la salle des fêtes (à l’emplacement de l’actuel hôtel de ville), afin d’y tenir un grand meeting le 7 avril, mais l’édile refuse en disant qu’il ne doit y avoir « aucune réunion politique dans un local municipal ». Le meeting se tient alors au Café de la Mairie, et est un succès car 200 personnes ne pouvant entrer dans la salle bondée sont obligées de rester dans la rue. La commission exécutive du comité se réunit au même endroit le 28 avril avec 4 policiers cyclistes en faction devant, demandés par le maire qui craint des débordements ; elle décide d’empêcher la tenue de réunions fascistes dans la commune.

Les 20 et 21 mai 1934, des délégués du comité participent au congrès national antifasciste organisé par le mouvement Amsterdam-Pleyel contre la guerre et le fascisme. L’union en sort consolidée et est encore renforcée par le Pacte d’unité d’action conclu le 27 juillet entre le parti socialiste (la SFIO) et le PCF. À Chevilly-Larue, de petites divergences subsistent, mais sont bientôt aplanies par la volonté de coopérer. L’assemblée générale du comité a lieu le 1er septembre en présence d’une cinquantaine de membres sur 80 adhérents. Le secrétaire,
M. Courageux, exhorte à se « retrouver dans un puissant front unique derrière les drapeaux de l’unité d’action » ; le comité proteste contre les provocations japonaises vis-à-vis de l’URSS et s’inquiète des conséquences du plébiscite allemand du 19 août qui a ratifié la fusion des fonctions de chancelier et de président du Reich au bénéfice d’Hitler. Localement, le comité apporte son soutien financier aux grévistes de la briqueterie Bohy, en grève du 28 septembre au 10 novembre 1934 pour protester contre la diminution des salaires.

Le comité se fait connaître de la population par la diffusion de tracts, la tenue de réunions, ainsi que par l’organisation de fêtes. Ainsi, le 30 juin et le 10 novembre, il organise deux soirées festives à la salle des fêtes, avec concerts et bals de nuit. L’action du comité montre aux forces locales de gauche l’intérêt de s’accorder et d’agir ensemble non seulement contre la guerre et le fascisme, mais aussi pour améliorer la vie des Chevillais. Un nouvel objectif se présente à l’approche des élections municipales du 5 mai 1935 : évincer la municipalité sortante « réactionnaire » du républicain Albert Thuret, dont le bilan de mandat est bien pauvre, tellement, aux yeux de la gauche, il fait preuve d’inertie et de réticence pour répondre aux besoins de la population et particulièrement des chômeurs.

(À suivre)
Marc Ellenberger, archiviste municipal
Juillet 2016

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